jeudi 26 juin 2014

Côte d'Ivoire : Les vérités crues de l'ancien ambassadeur de la France: Gildas Le Lidec

Laurent Gbagbo, raconte sa "Franceafrique" , dans son livre "vérité et justice", l'ancien ambassadeur de France en Côte d'Ivoire entre 2002 et 2005, son Excellence Gildas Lidec, narre sa "Afriquefrance" aussi, dans son livre "Phnom Penh à Abidjan, fragments de vie d'un diplomate".
Le diplomate, sans langue de bois , livre sa part de vérité sur cette crise ivoirienne, qui n'en finit pas de livrer tous ses secrets.
Il parle d'un Soro opportuniste et intelligent et un Gbagbo normal. 





Guillaume Soro tenta d'étrangler Gildas Le Lidec 

L’anecdote est parfaitement authentique. Elle s’est déroulée à la basilique de Yamoussoukro en 2003, lors d’une réunion de routine sur le suivi des accords de paix de Marcoussis (signés en janvier 2003 entre les rebelles et le régime de Gbagbo), en présence du Premier ministre de l’époque, Seydou Diarra, et de deux généraux de Licorne (la force française d’interposition). Comme à son habitude, Soro faisait son cinéma, éructait contre la France. J’ai dû le rembarrer et probablement l’ai-je agacé alors il a tenté de m’étrangler. Un simple coup de chaud certes, mais il a fallu l’intervention des ambassadeurs d’Espagne et d’Italie pour le ramener à la raison…

Guillaume Soro voulut attenter à la vie de Gbagbo avec l' aide Gildas Ledec

 je me suis rendu à Bouaké pour rencontrer divers chefs rebelles, les fameux « com’zones ». Et j’avais en permanence dans les pattes ce petit bonhomme, ce civil auquel je ne prêtais guère attention. Avant de prendre mon hélicoptère pour rentrer à Abidjan, il m’a proposé de placer une voiture quelque part dans la ville, bourrée d’armes et d’explosifs et de lui en donner l’adresse. Il se chargerait ensuite, affirmait-il, d’éliminer Gbagbo par ses propres moyens…. 

Guillaume Soro  décrit comme un arriviste, rusé, et d'une force exceptionnelle 

C’est un arriviste, très intelligent et très bien formé, avec une exceptionnelle force de conviction. Il a mangé à tous les râteliers, chef des rebelles un jour, avec Gbagbo un autre, puis le trahissant pour Ouattara…. Mais étonnamment il avait des soutiens en France. Je me souviens d’un déjeuner avec lui auquel participaient aussi Seydou Diarra et Pierre Mazeaud (à l’époque président de la table ronde de Marcoussis). Ce dernier m’a pris à parti, m’accusant de ne pas aider le processus de paix et d’être un traître et un suppôt de Gbagbo. Je voulais présenter ma démission à Raffarin (alors Premier ministre) lequel à son habitude a mis les formes pour étouffer le conflit.

dubitatif sur les chefs d'accusation retenus contre Gbagbo 

Les condamnations portées a priori contre Gbagbo m’ont toujours laissé dubitatif. A mes yeux, il n’était pas du tout l’homme du renouveau de l’Afrique, le nationaliste intransigeant comme il aimait quelquefois se présenter, mais plutôt un ancien opposant avide de bénéficier de tous les privilèges de ses prédécesseurs, Konan Bédié comme bien sûr Houphouët-Boigny. Gbagbo n’a jamais été un ennemi de la France. Bien au contraire

Gbagbo blanchit dans l'attaque de l'aviation militaire ivoirienne contre la base militaire française en 2004

Sincèrement non. Cette affaire reste pour moi un mystère total. Le 4 novembre, les forces militaires ivoiriennes lançaient une offensive contre les rebelles en franchissant la « ligne de confiance » issue des accords de Marcoussis. Elles essuyèrent, on le sait, un grave revers. Deux jours après, leurs Soukhoïs attaquaient nos soldats à Bouaké. Quel était leur intérêt ? Faire diversion ? Se venger de leur échec ? Objectivement, ça n’a pas grand sens. J’ai vu Gbagbo le 6 novembre au soir. Il était hagard, dépassé par les événements et, pour l’avoir fréquenté quasi chaque semaine pendant mon séjour, je vous assure qu’il ne jouait pas.

Gbagbo un président africain pas comme les autres 

Pour les gens de Paris, il était une interrogation, il ne correspondait pas au chef d’Etat africain dont ils avaient l’habitude. Même si, je le répète, son nationalisme était à mon avis de façade, il les inquiétait. L’attitude à adopter à son égard a d’ailleurs engendré beaucoup de divisions entre l’Elysée, le Quai d’Orsay, Villepin…

Gbagbo jugé par la CPI pour crime contre l'humanité est une injustice

Je trouve cela profondément injuste. Cela ne correspond pas aux valeurs et au tempérament de l’homme que j’ai connu. Et c’est d’autant plus injuste que Ouattara n’a pas touché un cheveu des salopards qui, depuis 2011, se sont taillés de véritables royaumes dans le Nord du pays. En ne prenant aucune mesure contre eux, la CPI ne va pas améliorer son image, déjà très dégradée sur tout le continent.

Ouattara un homme programmé pour prendre le pouvoir

Il était programmé pour prendre le pouvoir, mais n’y est vraiment parvenu que grâce à l’aide décisive de son ami Nicolas Sarkozy.

Source : marianne.net

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